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Le trouble d'apprentissage représente un défi majeur pour beaucoup de familles.

Certains enfants apprennent à lire sans la moindre difficulté. D'autres, pourtant tout aussi intéressés et éveillés que leurs camarades de classe, peinent à déchiffrer les lettres et les mots. Quand les difficultés rencontrées se situent bien au-dessus de la moyenne, les spécialistes parlent de dyslexie. Il s'agit d'un trouble spécifique de l'apprentissage qui fait l'objet d'études approfondies depuis des années. Mais beaucoup de questions subsistent.

Quelle est la fréquence de la dyslexie ? Comment est-elle détectée ? Quelles en sont les causes ? Et comment aider les enfants concernés ? Voici les réponses à ces questions.

En bref : qu'est-ce que la dyslexie et comment peut-on aider les enfants concernés ?

  • La dyslexie est un trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture qui n'a pas de lien avec l'intelligence ou les efforts fournis.
  • À l'échelle mondiale, près de 5 à 8 % des enfants sont touchés. Au Luxembourg, environ 4 500 enfants sont concernés et le multilinguisme rend le diagnostic plus difficile.
  • Les premiers signes apparaissent souvent dès l'école maternelle, mais un diagnostic fiable n'est possible qu'après le début de l'apprentissage de la lecture.
  • Les garçons sont deux fois plus nombreux à être diagnostiqués que les filles et il est fréquent que d'autres troubles de l'apprentissage, comme la dyscalculie, se manifestent en même temps.
  • La dyslexie est due à des différences génétiques et neurobiologiques dans le traitement du langage. La qualité de l'enseignement ou le multilinguisme n'influencent que la sévérité du trouble.
  • Les programmes d'entraînement les plus efficaces sont ceux qui ciblent spécifiquement l'association sons-lettres et qui sont appliqués de façon régulière.
  • L'approche des écoles varie selon les pays : la prise en charge inclusive donne les meilleurs résultats là où il existe des spécialistes formés et des ressources adaptées.
  • La dyslexie a des répercussions sur tous les aspects de la vie. Mais, une prise en charge précoce, des aménagements et une acceptation sociétale permettent de réduire les contraintes et offrent des perspectives.

Qu'est-ce que la dyslexie ? Et qu'est-ce qu'elle n'est pas ?

La dyslexie ne résulte ni d'un manque d'efforts ni d'un enseignement de mauvaise qualité. Il s'agit d'un trouble de l'apprentissage reconnu. Les enfants touchés ont beaucoup de difficultés à apprendre à lire. Ils confondent les lettres, mettent beaucoup plus de temps à reconnaître les mots ou peinent à lire à voix haute. Les spécialistes parlent d'un « trouble spécifique des apprentissages avec déficit en lecture ». C'est la définition proposée par les manuels diagnostiques internationaux. En d'autres termes, les difficultés ne sont pas dues à une absence de scolarisation ou à des troubles de la vue ou de l'audition. D'autres anomalies se manifestent souvent de façon concomitante, comme des troubles de l'attention ou des problèmes de langage.

Attention : le fait qu'un enfant lise lentement à cause d'un manque d'entraînement ne signifie pas qu'il est dyslexique. La dyslexie n'est pas non plus liée à l'intelligence. En effet, elle peut toucher des enfants avec un QI très élevé, tout comme ceux qui ont un QI moyen ou faible.

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Les deux facettes de la dyslexie (légasthénie vs dyslexie)

La dyslexie développementale, dont il est question dans cet article, se manifeste pendant l'enfance. Elle est due à des différences dans le traitement du langage et de l'écrit au niveau du cerveau, souvent liées à des facteurs génétiques. Dans la littérature scientifique internationale, on parle simplement de « dyslexia » dans ce cas.

La dyslexie acquise peut, en revanche, survenir plus tard dans la vie, par exemple après un AVC (accident vasculaire cérébral), un accident ou une tumeur. Les personnes concernées perdent alors les compétences en lecture ou en écriture qu'elles avaient auparavant.

En allemand, on utilisait auparavant le terme « Legasthenie » (légasthénie) pour désigner la forme développementale et « dyslexie » pour désigner la forme acquise. Aujourd'hui, cette distinction est considérée comme dépassée. Des modèles de classification actuels comme la CIM-11 et le DSM-5 regroupent les deux formes sous la catégorie des troubles spécifiques des apprentissages avec déficit en lecture.

Sources

Sylvia Costard: Störungen der Schriftsprache. Modellgeleitete Diagnostik und Therapie. Hrsg.: Luise Springer, Dietlinde Schrey-Dern. Georg Thieme, Stuttgart 2007, ISBN 978-3-13-139641-9

ICD10, Code R48.0 – Dyslexia and Alexia („Dyslexia and alexia“), https://www.icd10data.com/ICD10CM/Codes/R00-R99/R47-R49/R48-/R48.0

ICD-10, Code F81.0, https://icdcodes.ai/diagnosis/dyslexia/documentation

Clinical Characteristics of Learning Disabilities, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK332886/

À quelle fréquence la dyslexie survient-elle ?

La dyslexie est un trouble spécifique de l'apprentissage. Selon les critères utilisés pour établir le diagnostic, elle touche près de 5 à 8 % des enfants dans le monde. Certaines études mettent en évidence des pourcentages légèrement plus faibles quand elles appliquent des critères très stricts. Les spécialistes s'accordent toutefois à dire que la dyslexie est présente partout et qu'en moyenne, au moins un enfant par classe est concerné.

Au cours des dernières années, on a constaté une hausse du nombre de cas diagnostiqués. Les professionnels n'y voient toutefois pas une augmentation de la fréquence du trouble, mais expliquent cette hausse par des tests de dépistage plus efficaces et une plus grande sensibilisation. Aujourd'hui, les enseignants, les parents et les médecins identifient plus rapidement les enfants qui ont besoin d'un accompagnement et agissent en conséquence.

Selon les estimations du ministère de l'Éducation, près de 4 500 jeunes sont concernés au Luxembourg. Le diagnostic y est d'autant plus complexe que les enfants apprennent dans trois langues, à savoir en luxembourgeois, en allemand et en français. Les difficultés de lecture dans une langue peuvent donc aussi simplement résulter de différences linguistiques. Afin de mieux discerner ces situations et d'éviter les diagnostics erronés, le Luxembourg Centre for Educational Testing (LUCET) de l'Université du Luxembourg et le Centre pour le développement des apprentissages Grande-Duchesse Maria Teresa (CDA) ont mis au point des tests spécifiques. Le « LuxLeseTest », utilisé depuis 2025, permet de déterminer si un enfant présente une dyslexie ou s'il a simplement besoin de plus de temps pour maîtriser correctement les différentes langues.

Le multilinguisme n'est donc pas un risque en soi. Il peut cependant avoir pour conséquence que des enfants dyslexiques ne soient pas repérés ou qu'ils soient stigmatisés à tort.

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Pourquoi les chiffres varient-ils ?

Si l'on considère les chiffres à l'échelle mondiale, la proportion d'enfants touchés varie entre 3 et 10 %. Cette variation s'explique moins par une fréquence plus élevée de la dyslexie dans certains pays que par des méthodes de mesure différentes.

  • Certaines études appliquent des critères de diagnostic très stricts, tandis que d'autres sont un peu plus souples.
  • Parfois, seul le niveau de lecture est pris en compte, parfois aussi l'orthographe.
  • La difficulté liée à l'apprentissage de la lecture dépend aussi de la langue : en anglais, la forme écrite et la forme orale des mots diffèrent souvent fortement, ce qui n'est pas le cas en allemand ou en finnois. Dans ces langues, une lettre correspond le plus souvent à un son.

C'est pourquoi les chiffres varient fortement.

Sources

Yang, L.; Li, C.; Li, X.; Zhai, M.; An, Q.; Zhang, Y.; Zhao, J.; Weng, X. Prevalence of Developmental Dyslexia in Primary School Children: A Systematic Review and Meta-Analysis. Brain Sci. 2022, 12, 240. https://doi.org/10.3390/brainsci12020240

Wagner RK, Zirps FA, Edwards AA, Wood SG, Joyner RE, Becker BJ, Liu G, Beal B. The Prevalence of Dyslexia: A New Approach to Its Estimation. J Learn Disabil. 2020 Sep/Oct;53(5):354-365. doi: 10.1177/0022219420920377. Epub 2020 May 26. PMID: 32452713; PMCID: PMC8183124.

Snowling, M. J. & Hulme, C. (2020): Annual Research Review: Reading disorders revisited – the critical importance of oral language. Journal of Child Psychology and Psychiatry. DOI: 10.1111/jcpp.13324

Peterson, R. L. & Pennington, B. F. (2015): Developmental dyslexia. Lancet. https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(12)60198-6/abstract

Elliott, J. G. & Grigorenko, E. L. (2014): The Dyslexia Debate. Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9781139017824

Ministry of Education, Children and Youth. New Tools to Better Identify Learning Disabilities in Multilingual Environments. https://menej.gouvernement.lu/en/actualites.gouvernement2024%2Ben%2Bactualites%2Btoutes_actualites%2Bcommuniques%2B2025%2B04-avril%2B24-meisch-tests-troubles-apprentissage.html

Dyslexia affects 4,500 young people in Luxembourg. Luxembourg Times. https://www.luxtimes.lu/luxembourg/dyslexia-affects-4-500-young-people-in-luxembourg/1236837.html

Comment la dyslexie se manifeste-t-elle et à quel moment peut-on établir un diagnostic fiable ?

Les premiers signes évoquant une dyslexie apparaissent dès l'école maternelle. Les enfants qui ont du mal avec les rimes, qui ne distinguent pas les sons dans les mots ou qui associent difficilement les lettres et les sons sont considérés comme des candidats à risque. Ces signes ne permettent cependant pas encore d'affirmer avec certitude qu'il s'agit d'une dyslexie. En effet, beaucoup d'enfants développent ces compétences plus tard d'eux-mêmes.

En règle générale, on ne peut poser un diagnostic fiable qu'une fois que la lecture a été enseignée de manière systématique. Les spécialistes recommandent d'attendre la fin de la première année ou le début de la deuxième année d'enseignement fondamental. Des tests standardisés permettent alors de déterminer si les difficultés de lecture sont nettement plus marquées que ce que l'on pourrait expliquer par de simples différences de rythme ou de pratique.

Les tests de dépistage effectués à l'âge préscolaire peuvent donc contribuer à identifier les enfants présentant un risque accru, mais ils sont aussi associés à un taux d'erreur important. C'est pourquoi ils doivent plutôt être considérés comme un signal d'alerte, et non pas comme un diagnostic définitif. Il convient aussi de prendre en compte les troubles associés, comme les difficultés de concentration ou de langage.

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Sources

Sanfilippo J, Ness M, Petscher Y, Rappaport L, Zuckerman B, Gaab N. Reintroducing Dyslexia: Early Identification and Implications for Pediatric Practice. Pediatrics. 2020 Jul;146(1):e20193046. doi: 10.1542/peds.2019-3046. Epub 2020 Jun 23. PMID: 32576595; PMCID: PMC7329249.

Snowling MJ, Hulme C. Annual Research Review: Reading disorders revisited - the critical importance of oral language. J Child Psychol Psychiatry. 2021 May;62(5):635-653. DOI: 10.1111/jcpp.13324. Epub 2020 Sep 21. PMID: 32956509.

Hulme, Charlesa; Snowling, Margaret J.b. Reading disorders and dyslexia. Current Opinion in Pediatrics 28(6):p 731-735, December 2016. 10.1097/MOP.0000000000000411

Qui est touché par la dyslexie ?

La dyslexie peut toucher n'importe quel enfant, indépendamment de son intelligence ou de ses autres aptitudes. Il existe toutefois une différence significative entre les garçons et les filles. En effet, les garçons sont deux fois plus nombreux à être diagnostiqués que les filles. Il n'est pas encore clairement établi si cette situation est due à des facteurs biologiques ou au fait que les filles compensent mieux leurs difficultés et se font moins remarquer.

L'environnement joue aussi un rôle. Les enfants issus de familles ayant un bon niveau d'éducation sont généralement testés et pris en charge plus rapidement, tandis que les autres peuvent passer plus longtemps inaperçus. Cette situation crée des différences qui ne sont pas liées au trouble lui-même, mais à l'accès aux aides.

La dyslexie est souvent associée à d'autres problèmes. On observe souvent la présence concomitante d'autres troubles ou de difficultés d'apprentissage, comme des problèmes de concentration ou des difficultés en calcul. Les recherches montrent qu'environ 40 % des enfants dyslexiques présentent aussi une dyscalculie. Selon Christine Schiltz de l'Université du Luxembourg, près de 8 % des enfants au Luxembourg sont touchés par la dyscalculie.

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Qu'est-ce que la dyscalculie ?

Il y a des enfants qui, outre les troubles de la lecture, présentent principalement des difficultés en calcul. On parle alors de dyscalculie, un trouble qui touche environ 3 à 8 % des élèves. Elle se manifeste par des difficultés persistantes à comprendre les nombres, les quantités et les opérations de calcul. À l'instar de la dyslexie, la dyscalculie n'a rien à voir avec l'intelligence.

Il n'est pas rare que la dyscalculie et la dyslexie se manifestent chez un même enfant. Selon les études, près de 40 % des enfants concernés présentent les deux troubles d'apprentissage en même temps. Ici encore, un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée sont indispensables pour éviter le décrochage scolaire.

Sources

Wagner RK, Zirps FA, Edwards AA, Wood SG, Joyner RE, Becker BJ, Liu G, Beal B. The Prevalence of Dyslexia: A New Approach to Its Estimation. J Learn Disabil. 2020 Sep/Oct;53(5):354-365. doi: 10.1177/0022219420920377. Epub 2020 May 26. PMID: 32452713; PMCID: PMC8183124.

Willcutt EG, McGrath LM, Pennington BF, Keenan JM, DeFries JC, Olson RK, Wadsworth SJ. Understanding Comorbidity Between Specific Learning Disabilities. New Dir Child Adolesc Dev. 2019 May;2019(165):91-109. doi: 10.1002/cad.20291. Epub 2019 May 9. PMID: 31070302; PMCID: PMC6686661.

Joyner RE, Wagner RK. Co-occurrence of Reading Disabilities and Math Disabilities: A Meta-Analysis. Sci Stud Read. 2020;24(1):14-22. doi: 10.1080/10888438.2019.1593420. Epub 2019 Apr 3. PMID: 32051676; PMCID: PMC7015531.

Viesel-Nordmeyer, N., Reuber, J., Kuhn, JT. et al. Cognitive Profiles of Children with Isolated and Comorbid Learning Difficulties in Reading and Math: a Meta-analysis. Educ Psychol Rev 35, 34 (2023). https://doi.org/10.1007/s10648-023-09735-3

Feng W, Chotipanvithayakul R, Liu H. Prevalence of dyslexia related to mental health problems and character strengths among primary school students in northwest China. Aust J Psychol. 2024 Sep 9;76(1):2399114. doi: 10.1080/00049530.2024.2399114. PMID: 40666644; PMCID: PMC12218475.

Université du Luxemnourg. Detecting learning disorders: tests finally adapted to Luxembourg context. https://www.uni.lu/en/news/detecting-learning-disorders-tests-finally-adapted-to-luxembourg-context/

Que se passe-t-il dans le cerveau quand nous lisons et à quoi ces mécanismes ressemblent-ils chez les personnes dyslexiques ?

Trois régions du cerveau agissent de manière coordonnée lorsqu'on lit de façon fluide. Le cortex occipito-temporal, situé à l'arrière du cerveau, joue un rôle essentiel dans la reconnaissance des mots écrits. Le cortex temporo-pariétal, une zone plutôt centrale du cerveau, relie les sons aux lettres. Enfin, le gyrus frontal inférieur, situé à l'avant du cerveau, aide à comprendre le sens des mots et permet l'articulation mentale. Ce réseau cérébral fonctionne de manière très fluide chez les lecteurs experts. Ces derniers reconnaissent souvent les mots instantanément, sans devoir traiter les lettres une par une.

Chez les enfants dyslexiques, ces mécanismes fonctionnent différemment. Les études qui s'appuient sur l'imagerie cérébrale mettent en évidence un schéma récurrent. La région cérébrale chargée de reconnaître rapidement les mots visuellement est activée de manière moins marquée et moins efficace. D'autres régions du cerveau tentent de compenser ce déficit. Cet effort cognitif supplémentaire rend la lecture plus difficile et plus lente pour les enfants concernées.

Ces différences au niveau du cerveau se manifestent souvent avant même que les enfants n'apprennent à lire, par exemple, quand ils ont du mal à distinguer les sons ou à trouver des rimes. Ce phénomène s'observe dans beaucoup de langues, même si les schémas exacts varient en fonction de la complexité de l'orthographe.

Il est important de savoir que les études qui s'appuient sur l'imagerie cérébrale mettent en évidence des schémas. Elles ne rendent toutefois pas compte de tous les aspects propres à chaque situation individuelle. Chez certains enfants, l'imagerie révèle des schémas typiques de la dyslexie, mais ces derniers lisent correctement lorsqu'ils bénéficient d'une prise en charge adaptée. D'autres enfants rencontrent de grandes difficultés, même si leur examen cérébral ne met pas en évidence des divergences marquées. L'imagerie et la génétique éclairent donc certains aspects du phénomène, mais n'expliquent pas chaque situation individuelle.

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Recherche sur la dyslexie made in Luxembourg

Christine Schiltz est professeure spécialisée dans les aspects cognitifs et neuropsychologiques de la lecture et du calcul à l'Université du Luxembourg. Ses travaux associent des analyses comportementales et des méthodes neuropsychologiques afin de comprendre la manière dont les enfants gèrent l'écrit et les chiffres dans des environnements multilingues.

Dans ce cadre, elle s'intéresse à des questions centrales particulièrement pertinentes pour le Luxembourg. De quelle manière l'apprentissage dans plusieurs langues affecte-t-il l'organisation neuronale de la lecture ? Et est-il possible de développer des tests neutres du point de vue linguistique pour distinguer les troubles de la lecture ou du calcul de ce qui relève d'une simple exposition au multilinguisme ?

Sources

Norton ES, Beach SD, Gabrieli JD. Neurobiology of dyslexia. Curr Opin Neurobiol. 2015 Feb;30:73-8. DOI: 10.1016/j.conb.2014.09.007. Epub 2014 Oct 4. PMID: 25290881; PMCID: PMC4293303.

Benítez-Burraco, A. (2009): Neurobiology and Neurogenetics of Dyslexia. DOI: 10.1016/S2173-5808(20)70105-7

van de Walle de Ghelcke A, Rossion B, Schiltz C, Lochy A. Impact of Learning to Read in a Mixed Approach on Neural Tuning to Words in Beginning Readers. Front Psychol. 2020 Jan 23;10:3043. doi: 10.3389/fpsyg.2019.03043. PMID: 32038406; PMCID: PMC6989560.

Gigleux, C.; van de Walle de Ghelcke, A.; Christine Schiltz. Lexical brain responses in 10-year-old children are impaired in dyslexia: an FPVS-EEG study. 2025. DOI:10.1101/2025.07.20.665366

Marinova, Mila & Schiltz, Christine. (2025). Numerical format integration in primary school children examined with frequency-tagged electroencephalography. Scientific Reports. 15. DOI:10.1038/s41598-025-11281-7.

Profil von Prof. Christine Schiltz bei der Universität Luxemburg. https://www.uni.lu/fhse-en/people/christine-schiltz/

 

Quelles sont les causes de la dyslexie ?

Les prédispositions génétiques sont l'une des principales causes de la dyslexie. Plusieurs gènes impliqués dans le développement de cellules nerveuses sont en effet associés à ce trouble. Les enfants dont l'un des parents est touché sont donc beaucoup plus susceptibles de présenter des difficultés lors de l'apprentissage de la lecture.

Par ailleurs, les facteurs neurobiologiques jouent aussi un rôle important. Les examens d'imagerie cérébrale montrent en effet que, chez les enfants dyslexiques, certaines régions du cerveau qui interviennent dans le traitement de la langue et de l'écrit fonctionnent de façon moins efficace.

Or, une chose est claire : il n'existe pas une seule et unique cause. Des facteurs liés à l'environnement de l'enfant, comme la qualité de l'enseignement ou le multilinguisme, influencent la sévérité de la dyslexie, sans toutefois l'expliquer.

Comment aider les enfants dyslexiques ?

Les promesses abondent, mais les approches dont l'efficacité est étayée scientifiquement sont rares. Les méthodes les plus efficaces sont celles qui reposent sur un travail systématique sur la correspondance entre les sons et les lettres. Les enfants apprennent ainsi la relation entre l'écrit et l'oral, par exemple, quand ils entendent le son m et écrivent la lettre m. Ils décomposent les sons en syllabes et s'entraînent à fractionner les mots en unités plus petites. Dans les études menées à travers le monde, ces programmes basés sur la phonologie produisent les résultats les plus marqués.

L'efficacité dépend non seulement de la méthode, mais aussi de l'intensité et de la durée de l'entraînement. Un entraînement de plusieurs heures par semaine, poursuivi sur plusieurs mois, donne des résultats nettement meilleurs que des interventions brèves ou sporadiques. Les applications ou les programmes numériques peuvent aussi être utiles, à condition qu'ils s'appuient sur ces principes. Ils ne se substituent toutefois pas à une prise en charge par des professionnels formés.

Pour l'heure, aucune étude n'a pu mettre en évidence l'efficacité d'autres méthodes, telles que les lunettes à filtres colorés, les « programmes d'entraînement cérébral » ou les régimes alimentaires spécifiques. Les spécialistes mettent donc en garde contre de faux espoirs et des dépenses inutiles.

Mais efficacité n'est pas pour autant synonyme de guérison rapide. Les enfants dyslexiques ont besoin d'un accompagnement sur le long terme pour pouvoir suivre le rythme à l'école. Cet accompagnement comprend une prise en charge, ainsi que des aménagements pour compenser les difficultés rencontrées en classe. Il peut par exemple s'agir d'accorder plus de temps aux enfants concernés pour les contrôles ou de leur permettre d'utiliser des outils d'aide.

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Sources

Galuschka, K. et al. (2014): Effectiveness of Treatment Approaches for Children and Adolescents with Reading Disabilities: A Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. PLoS One. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0089900

Enge, A. et al. (2023): A systematic review on interventions for children with dyslexia. DOI:10.11591/ijere.v12i3.25099

Snowling, M. J. & Hulme, C. (2012): Interventions for children’s language and literacy difficulties. International Journal of Language & Communication Disorders. https://doi.org/10.1111/j.1460-6984.2011.00081.x

Ojanen E, Ronimus M, Ahonen T, Chansa-Kabali T, February P, Jere-Folotiya J, Kauppinen KP, Ketonen R, Ngorosho D, Pitkänen M, Puhakka S, Sampa F, Walubita G, Yalukanda C, Pugh K, Richardson U, Serpell R, Lyytinen H. GraphoGame - a catalyst for multi-level promotion of literacy in diverse contexts. Front Psychol. 2015 Jun 10;6:671. doi: 10.3389/fpsyg.2015.00671. PMID: 26113825; PMCID: PMC4461812.

Ronimus et al. (2020): A mobile game as a support tool for children with severe difficulties in reading and spelling. https://doi.org/10.1111/jcal.12456

Ahmed et al. (2020): An Evaluation of the Efficacy of GraphoGame Rime. https://doi.org/10.3389/feduc.2020.00132

International Dyslexia Association (2023): Fact Sheet on Dyslexia Interventions. https://dyslexiaida.org/

Quelle approche les systèmes scolaires adoptent-ils face à la dyslexie ?

La prise en charge de la dyslexie varie considérablement d'un pays à l'autre. Le principe de l'inclusion est désormais la norme dans beaucoup de systèmes éducatifs. Les enfants dyslexiques suivent l'enseignement ordinaire et bénéficient d'un accompagnement spécialisé ou d'aménagement spécifiques. Ces mesures peuvent inclure, par exemple, l'attribution de temps supplémentaire lors de contrôles, le recours à des logiciels de lecture ou l'utilisation d'ordinateurs pour les travaux écrits.

Cette prise en charge est mise en place de manière très systématique dans les pays nordiques, notamment en Finlande. Dès l'école fondamentale, des dépistages obligatoires sont effectués et des enseignants spécialisés assurent un accompagnement étroit. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, des aménagements sont prévus par la loi et les écoles sont tenues de fournir un soutien adapté aux enfants concernés.

Au Luxembourg, le Service de l'intégration et de l'éducation spéciale (S-IEBS) propose des structures de soutien. De plus, l'Université du Luxembourg développe des tests de diagnostic comme le « LuxLeseTest » et le « LuxMatheTest » pour prendre des décisions éclairées.

Dans la pratique, toutefois, la mise en œuvre ne se fait pas partout avec la même rigueur. La situation dépend dans une grande mesure de l'école et des enseignants. Un problème central demeure partout le même : une prise en charge efficace nécessite du temps, des professionnels formés et des ressources. Or, ce sont précisément ces éléments qui font souvent défaut.

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Sources

European Agency for Special Needs and Inclusive Education (2020): European Agency Statistics on Inclusive Education. https://www.european-agency.org/

Elliott, J. & Grigorenko, E. (2014): The Dyslexia Debate. Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9781139017824

Snowling, M. J. (2013): Early identification and interventions for dyslexia: a contemporary view. Journal of Research in Special Educational Needs, 13(1), 7–14. https://doi.org/10.1111/j.1471-3802.2012.01262.x

Luxemburg – LuxLeseTest / LuxMatheTest: Pressemitteilung vom 24. April 2025, Bildungsministerium Luxemburg: „Neue Tests für die Erkennung von Dyslexie und Dyskalkulie“. https://menej.gouvernement.lu/de/actualites.gouvernement2024%2Bde%2Bactualites%2Btoutes_actualites%2Bcommuniques%2B2025%2B04-avril%2B24-meisch-tests-troubles-apprentissage.html

Quelles sont les conséquences de la dyslexie pour les personnes concernées ?

La dyslexie accompagne les enfants et les adolescents bien au-delà de l'école fondamentale. Quand ils lisent moins vite que les camarades ou qu'ils obtiennent systématiquement de moins bonnes notes, la frustration, un sentiment de honte et une faible estime de soi peuvent se manifester très tôt. En l'absence d'un soutien ciblé, l'ensemble de la scolarité peut être affectée. Les élèves concernés prennent du retard dans presque toutes les matières qui reposent sur la compétence en lecture.

Même plus tard dans la vie, la dyslexie continue de se faire sentir. Les adultes dyslexiques évoquent plus souvent des difficultés dans leur formation et leur vie professionnelle, notamment pour les activités qui exigent beaucoup de lecture et d'écriture. Même si beaucoup mettent en place des stratégies pour compenser leurs difficultés, la lecture reste souvent une tâche ardue.

Outre les difficultés scolaires et professionnelles, les conséquences psychosociales ne sont pas négligeables. Les études mettent en évidence un risque accru de présenter des troubles anxieux et des dépressions. Dans le même temps, beaucoup de personnes concernées expliquent que le diagnostic a été un soulagement. Il offre une explication et ouvre la voie à un soutien ciblé.

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La neurodiversité – une autre manière de voir les choses

Dans le milieu médical, la dyslexie est classée comme un trouble. Parallèlement, un mouvement social aborde ce phénomène sous l'angle de la neurodiversité. Selon cette approche, les différences dans le traitement de l'information ne sont pas des déficits, mais font partie de la diversité naturelle des cerveaux humains.

Les défenseurs de cette approche insistent sur le fait que les personnes dyslexiques ont souvent des compétences particulières, telles que la pensée figurative, la créativité et la capacité à percevoir des structures complexes. Les détracteurs affirment toutefois que la mise en avant de ces compétences ne doit pas minimiser les difficultés réelles rencontrées au quotidien.

Dans la recherche clinique, la dyslexie est généralement décrite comme un trouble spécifique de l'apprentissage, tandis que le mouvement pour la neurodiversité la considère plutôt comme une variante de la diversité humaine. Ces deux perspectives se fondent sur des approches différentes. La première met l'accent sur les défis quotidiens, tandis que la seconde se concentre sur les forces et les opportunités possibles.

Sources

Gerber PJ. The impact of learning disabilities on adulthood: a review of the evidenced-based literature for research and practice in adult education. J Learn Disabil. 2012 Jan-Feb;45(1):31-46. DOI: 10.1177/0022219411426858. Epub 2011 Nov 7. PMID: 22064950.

Eide, B. & Eide, F. (2011): The Dyslexic Advantage. Hudson Street Press. ISBN: 978-0452297920

Armstrong, T. (2011): The Power of Neurodiversity: Unleashing the Advantages of Your Differently Wired Brain. Da Capo Press. ISBN: 978-0306836367

Singer, J. (2017): Neurodiversity: The Birth of an Idea. ISBN 978-0648154709

Armstrong T. The myth of the normal brain: embracing neurodiversity. AMA J Ethics. 2015 Apr 1;17(4):348-52. DOI: 10.1001/journalofethics.2015.17.4.msoc1-1504. PMID: 25901703.

Auteur : Kai Dürfeld (pour scienceRELATIONS - Communication scientifique)
Édition : Michèle Weber (FNR)
Relecture : Christine Schiltz (Université du Luxembourg) 
Traduction : Nadia Taouil (www.t9n.lu)

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FNR
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Les ordinateurs quantiques pourraient transformer en profondeur le paysage numérique actuel. Dans cet article, nous abordons leur fonctionnement, leurs capacités et leurs limites.