Donner leur chance aux moules perlières

Des scientifiques élèvent des moules perlières d’eau douce en laboratoire. Ils veulent les réintroduire dans l’Our, mais la rivière est encore bien trop sale et trop boueuse.

Aujourd'hui, Lizzie et Nouga partent en excursion au moulin de Kalborn, un ancien moulin situé sur les rives de l’Our. Cela fait bien longtemps qu'on n’y moud plus de farine. Aujourd'hui, on y mène des activités passionnantes. « Des scientifiques travaillent dans le moulin. L'ancienne porcherie à côté du moulin est devenue un laboratoire moderne, explique Frankie Thielen. Nous y élevons des moules perlières d’eau douce. » Monsieur Thielen est biologiste et travaille pour l’organisation de protection de l'environnement natur & ëmwelt, à Heinerscheid. Aujourd'hui, il accompagne Lizzie et Nouga dans leur excursion.

Il y a encore 100 ans environ, les moules perlières étaient vastement répandues dans de nombreux cours d’eau européens. C’était également le cas au Luxembourg. Aujourd'hui, elles ont pour ainsi dire disparu dans beaucoup de régions. À vrai dire, il n’y a actuellement plus de moules perlières dans l’Our. Toutefois, il y a un centre d'élevage. Les scientifiques y élèvent de jeunes moules afin de les réintroduire plus tard dans l’Our ou dans d’autres rivières. « J'ai envie de voir comment on élève des moules », s’exclame Nouga. Le trio se dirige donc vers l’ancienne porcherie.

Elle est remplie de bassins et d'aquariums. Des poissons nagent dans plusieurs d’entre eux tandis que de petites moules reposent dans d'autres. « Les moules perlières ont besoin de truites de rivière pour se développer, explique Frankie Thielen. Au début de leur vie, lorsqu’elles sont encore de minuscules larves, elles se fixent sur les branchies des poissons. » Il leur faut plusieurs mois pour se transformer en toutes petites moules et finir par tomber. À ce stade, elles mesurent encore moins d’un millimètre !

Dans la nature, elles coulent au fond de la rivière et s’enfoncent dans les sédiments. Elles y passent jusqu'à 5 ans à se développer avant d’en sortir et de réapparaître à la surface des sédiments. Puis, il en faut dix à quinze de plus pour que les moules puissent se multiplier.

La boue rend la vie dure aux moules

Aujourd'hui, de nombreux cours d’eau ne sont plus assez propres pour les moules perlières. Trop d’impuretés parviennent dans l’eau du bassin versant de la rivière. « Un grand problème réside aussi dans le fait qu’il y a beaucoup de boue. Elle provient essentiellement de la rive, d’où elle glisse lors de fortes pluies. Elle colmate ensuite les interstices entre les sédiments et étouffe les moules », explique Frankie.

Il faut donc avoir recours à la science si nous voulons un jour repeupler nos cours d’eau de moules perlières. Au laboratoire, les huîtres se multiplient très bien, mais des problèmes subsistent pour que leur introduction dans l’Our soit possible. Les conditions ambiantes dans la rivière doivent s'améliorer pour que les moules puissent y survivre. « Nous plantons par exemple sur la rive des plantes qui retiennent bien la terre afin qu’elle ne glisse pas dans la rivière lorsqu’il pleut. »

D'autres ajustements sont toutefois également nécessaires : par exemple, il ne faut plus qu’autant d’impuretés et d’engrais issus de l’agriculture et des ménages se retrouvent dans la rivière. Pour que cela fonctionne, il faut informer le plus de gens possible sur la manière donc fonctionne l’écosystème d’un cours d’eau et sur la façon dont chacun peut contribuer à protéger la rivière et tous ses organismes. C'est la raison pour laquelle des visites guidées sont régulièrement organisées au centre d'élevage et sur les rives de l’Our, notamment pour les écoles.

Site Internet : http://www.margaritifera.eu/

Auteur: scienceRELATIONS

Illustration: Andy Genen